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Olympe de Gouges au Panthéon

Ce site a été créé pour héberger la liste des signataires d’une pétition demandant la panthéonisation d’Olympe de Gouges, pétition qui a paru le 7 janvier 2022 sur le site du Monde. Il est également destiné à accueillir des articles et des entretiens sur Olympe de Gouges.

Instituée par la Révolution française, l’exclusion politique des femmes a longtemps perduré et ses effets continuent de se faire sentir puisque la parité, bien qu’inscrite désormais dans la constitution, n’est toujours pas atteinte. Olympe de Gouges a combattu cette exclusion à la racine, elle en a dénoncé d’emblée l’injustice et les méfaits.

Porter au Panthéon cette pionnière du féminisme [1] serait signifier combien la France tient à l’égalité et à la mixité. En ce moment tout particulièrement, alors que des Afghanes sont de nouveau interdites d’école et d’espace public, que des Iraniennes perdent chaque jour la vie pour refuser leur enfermement dans la sphère domestique et promouvoir la démocratie, cette décision serait hautement symbolique.

Accéder à l’histoire de la tribune publiée par Le Monde et à la liste de ses signataires (régulièrement actualisée) en cliquant sur ce lien

Sylvia Duverger

  1. Le terme « féminisme » date du XIXe siècle, mais il serait spécieux de ne pas considérer Olympe de Gouges comme une féministe sous ce prétexte. Le Dictionnaire des féministes – le premier dictionnaire historique en la matière – publié aux Presses universitaires de France sous la direction de Christine Bard et Sylvie Chaperon, commence d’ailleurs au XVIIIe siècle.

Équipe de rédaction de la tribune publiée sur le site du Monde

Olivier Blanc, historien, auteur de la première biographie d’Olympe de gouges

Béatrice Daël, éditrice des œuvres complètes d’Olympe de Gouges (éditions Cocagne)

Juliette de Causans, présidente d’Égalité Ensemble !

Sylvia Duverger, journaliste, chercheuse indépendante

Michel Faucheux, universitaire, écrivain, biographe d’Olympe de Gouges

Christine Fauré, sociologue, directrice de recherche émérite au CNRS

Geneviève Fraisse, philosophe, directrice de recherche émérite au CNRS

Catherine Marand-Fouquet, historienne

Claudine Monteil, historienne, écrivaine, présidente de Femmes Monde, membre du Conseil national des femmes françaises

Pour voir les biographies des rédactrices et rédacteurs, cliquez sur ce lien

Bibliographie indicative

Les œuvres complètes d’Olympe de Gouges sont disponibles aux éditions Cocagne.

Nombre d’entre elles sont en accès libre sur le site Gallica de la BNF.

Beaucoup ont été traduits en anglais par Clarissa Palmer et sont en accès libre sur son site.

L’esclavage des Noirs ou L’heureux naufrage, présenté par Eleni Varikas, a en outre été publié en 1989 chez Indigo, côté femmes.

Olivier Blanc a édité et préfacé Les écrits politiques d’Olympe de Gouges (tome I et II) en 1993 chez Indigo, côté femmes ; Le théâtre politique d’Olympe de Gouges a été réédité par Indigo, côté femmes (tomes I et II) en 2015 et 2019, respectivement (avec une préface de Gisela Thiele-Knobloch). Son blog contient de nombreuses informations sur Olympe de Gouges, cliquez sur le lien pour y accéder.

Sur la vie et l’œuvre d’Olympe de Gouges, signalons les  travaux de l’historien Olivier Blanc, le premier à avoir systématiquement consulté, pour son Olympe de Gouges parue en 1981 chez Syros, les archives publiques et privées. Olivier Blanc n’a pas cessé de travailler sur  Olympe de Gouges ; il a fait paraître en 2014 Olympe de Gouges, Des droits de la femme à la guillotine (Tallandier), dont il existe désormais une version en poche, toujours chez Tallandier.

La biographie que l’historien des idées Michel Faucheux a consacrée à Olympe de Gouges, publiée en folio en 2018, met bien en évidence l’actualité de cette femme extraordinaire et les résonances de sa pensée avec celle de penseuses plus proches de nous dans le temps, telle Hannah Arendt. Michel Faucheux éclaire avec empathie le parcours singulier d’Olympe de Gouges et rend pleinement justice à son féminisme audacieux. Un ouvrage à la fois érudit et accessible.

Une mention spéciale pour les analyses de la pensée d’Olympe de Gouges qu’Eleni Varikas a développées et qui ont été rassemblées dans son ouvrage Pour une théorie politique du féminisme (iXe, 2017).

Incontournable également, d’une acuité sans pareille, Joan Scott, La citoyenne paradoxale : les féministes françaises et les droits de l’homme, Paris, Albin Michel, 1998.

Dans Ces idées qui ont fait le mouvement de libération des femmes, XVIIIe-XIXe (2022), Christine Fauré rappelle qu’une historiographie révolutionnaire misogyne a longtemps sévi à l’encontre d’Olympe de Gouges. Une analyse très documentée des raisons pour lesquelles Olympe de Gouges n’a pas encore été panthéonisée.

Geneviève Fraisse nous a autorisées à publier ici sa préface à l’édition Librio de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne et de quelques autres textes politiques d’Olympe de Gouges. Elle a plus amplement analysé l’apport d’Olympe de Gouges dans Les deux gouvernements : la famille et la cité (Folio essais, 2000).

Signalons également l’édition scolaire de la Déclaration des droits de la femme réalisée par Élise Pavy-Guilbert (Flammarion, collection GF), qui propose en annexe un remarquable ensemble de textes avec lesquels consonne cette pièce majeure de la pensée féministe.

En anglais, a paru en juillet 2022 (Cambridge University Press) une analyse précise de la pensée d’Olympe de Gouges par la philosophe Sandrine Bergès, qui en souligne l’actualité ; Olympe de Gouges se pense à la fois comme femme et comme homme ; elle n’est pas différentialiste car sa conception du genre est fluide. Un ouvrage bref (70 pages), mais qui va droit à l’essentiel. Il rappelle de surcroît quels sont les points de vue qui ont été développés sur l’œuvre d’Olympe de Gouges dans des ouvrages de référence publiés en anglais. Précieux.

Sandrine Bergès est aussi l’autrice de Liberty in their names, The Women Philosophers in the French Revolution (Bloomsbury Academic, 2022), qui étudie notamment chez Sophie Grouchy, Manon Roland et Olympe de Gouges l’émergence de la conscience de l’injustice.

L’ouvrage de Benoîte Groult, Ainsi soit Olympe (Grasset, 2013, réédition en livre de poche en 2014), offre la possibilité d’une première rencontre avec Olympe de Gouges. Benoîte Groult a publié la version complète de La déclaration des droits de la femme et de la citoyenne en 1986.

L’on aimerait que soit réédité l’ouvrage de Sophie Mousset, Olympe de Gouges et les droits de la femme, publié en 2004, parce qu’il est à la fois synthétique et pertinent.

Pour les adolescent·es qui veulent découvrir Olympe de Gouges, nous recommandons aussi Olympe de Gouges, non à la discrimination d’Elsa Solal, publié chez Actes Sud.

La partie consacrée à Olympe de Gouges par Michelle Perrot dans Des femmes rebelles (éditions Élysad, 2014) constitue une excellente introduction à sa pensée et à son œuvre ; l’ouvrage permet en outre de se familiariser avec celles de Flora Tristan et de Georges Sand.

Le roman graphique de Cathy Muller et José-Louis Bocquet (Casterman, dernière édition en 2021) a indéniablement contribué à populariser Olympe de Gouges ; mais attention, même s’il est nourri de recherches et s’il se fonde sur la biographie d’Olivier Blanc, il s’agit d’un roman. Nous recommandons de compléter sa lecture, fort agréable, par celle de l’un des autres ouvrages mentionnés ci-dessus.

Le roman historique de Caroline Grimm, Moi, Olympe de Gouges, publié en 2009 chez Calmann-Lévy, que son autrice a adapté pour le théâtre.

Parmi les pièces de théâtre consacrées à Olympe de Gouges, soulignons :

Femme politique

Olympe de Gouges, née Marie Gouze le 7 mai 1748 à Montauban dans une famille de la petite bourgeoisie occitane, a pris son destin en main lorsque le mari qu’on l’avait contrainte à épouser est mort. Elle quitte la province et rejoint sa sœur à Paris. Elle se nomme Olympe de Gouges, fréquente les milieux lettrés et décide de devenir elle-même une autrice. Après tout, son père présumé, le marquis Jean-Jacques Lefranc de Pompignan, n’est-il pas un académicien célèbre en son temps ? Fille naturelle de cet aristocrate ennemi des encyclopédistes, Marie Gouze n’avait été que sommairement instruite, mais du moins savait-elle lire et écrire. Olympe de Gouges disposait, aimait-elle à faire valoir, d’un génie naturel qu’une culture trop livresque aurait peut-être éteint. Elle osa se fier à sa capacité de penser et d’imaginer par elle-même et se mit à écrire des contes philosophiques, un récit relevant de l’autofiction et des pièces de théâtre. Le théâtre était alors le meilleur des moyens pour diffuser ses idées et se faire connaître.

La Révolution acheva de faire d’elle une journaliste (plutôt du type éditorialiste, voire politiste) et une femme politique. En envoyant ses « réflexions utiles » aux représentants de la Nation et à d’autres détenteurs de pouvoir, en faisant placarder ses prises de position sur les murs de Paris, elle s’empara de la tribune dont les révolutionnaires avaient écarté les femmes. Cela lui valut l’échafaud, d’autant qu’elle n’avait pas hésité à critiquer Marat et Robespierre à plusieurs reprises. Elle fut guillotinée le 3 novembre 1793.

Femme de lettres et femme politique, elle est considérée comme l’une des pionnières françaises du féminisme.

Juliette de Causans et Sylvia Duverger

Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne

La Déclaration des droits de la femme et de la citoyennne fut adressée à la reine par Olympe de Gouges le 14 septembre 1791. N’omettez pas de lire son adresse à la reine, car elle y témoigne d’une hardiesse peu commune : elle prescrit à la reine ce qu’il faudrait qu’elle fasse et ce qu’elle devrait être. Souciez-vous de la patrie et des intérêts de votre sexe plutôt que de vous-même, lui écrit-elle en substance… D’où Olympe de Gouges tenait-elle son aplomb ? (S. Duverger)

Voir la préface de Geneviève Fraisse à la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.

Sur la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, nous recommandons le petit ouvrage d’Élise Pavy-Guilbert, publié en poche chez Garnier-Flammarion en 2021. Plutôt que d’idéaliser Olympe de Gouges, l’autrice explore les contradictions d’Olympe de Gouges, ses paradoxes, dans la lignée de la si subtile Joan Scott (Joan W. SCOTT, La citoyenne paradoxale, les féministes françaises et les droits de l’homme Albin Michel 1998). Olympe de Gouges, écrit Élise Pavy-Guilbert, « invente une écriture paradoxale qui est alliance de la violence de la forme et de la modération politique du fond. »

Politiquement modérée Olympe de Gouges ? Oui et non, car ses Droits de la femme (le titre original de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne) développent bel et bien un féminisme radical, qui fustige sans détour l’arrogance masculine : ontologiquement, les femmes sont les égales des hommes, il est donc injuste qu’elles ne le soient pas politiquement et économiquement. S. Duverger

Philosophe antiraciste
« Les mortels sont égaux, ce n’est pas la naissance, c’est la seule vertu qui fait la différence » , Eau-forte, Bibliothèque nationale de France, département estampes et photographies

« L’espèce d’hommes nègres, écrivait-elle avant la Révolution, m’a toujours intéressée à son déplorable sort. Ceux que je pus interroger ne satisfirent jamais ma curiosité et mon raisonnement. Ils traitaient ces gens-là de brutes, d’êtres que le Ciel avait maudits ; mais en avançant en âge, je vis clairement que c’était la force et le préjugé qui les avaient condamnés à cet horrible esclavage, que la Nature n’y avait aucune part et que l’injuste et puissant intérêt des Blancs avait tout fait. » Olympe de Gouges, L’Esclavage des Nègres : version inédite du 28 décembre 1789 suivi de Réflexions sur les hommes nègres, février 1788, étude et présentation de Sylvie Chalaye et Jacqueline Razgonnikoff, Paris, L’Harmattan, coll. Autrement Même, 2006.

L’engagement d’Olympe de Gouges contre l’esclavage témoignait d’un courage certain. Le puissant parti des colons n’apprécia guère et elle reçut même des menaces de mort.

Selon Jacques-Pierre Brissot, fondateur du Club des Amis des Noirs, Olympe de Gouges compta parmi les rares femmes de cette association abolitionniste. « Il y avait du courage chez Olympe de Gouges à plaider leur cause [celle des Noir·es] au moment où le plus violent orage éclatait contre ses défenseurs », observa Brissot dans ses Mémoires (ou les papiers qui étaient destinés à y être intégrés) (cité par Olivier Blanc, Olympe de Gouges, des droits de la femme à la guillotine, Tallandier, édition de 2014, p. 91).

Pour de plus longs extraits des textes d’Olympe de Gouges contre l’esclavage, voir Béatrice Daël, Sylvia Duverger, « Le combat d’Olympe de Gouges contre l’esclavage »


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